Jeudi 17 mai 2018

à 21 h


Cadet d’eau douce

(Steamboat Bill Jr.)
de Charles F. Reisner et Buster Keaton
avec Buster Keaton, Ernest Torrence, Marion Byron
1928 / États-Unis / 1h10 / DCP / vostf


William Canfield, dit «Steamboat Bill», est le propriétaire d’un vieux bateau à roues sur le Mississippi. Mais sa vieille barcasse fait pâle figure face au nouveau venu, le King, propriété de son concurrent J. J. King. Steamboat Bill apprend que son fils, qu’il n’a pas vu depuis des années, arrive de Boston. L’allure très endimanchée et le comportement insolite de Willie Jr. déplaisent particulièrement à son père. Rien ne s’arrange quand ce dernier apprend que Willie est amoureux de Kitty, la fille de King...

Dans la dernière partie du film, qui est un monument du cinéma muet, le souffle du cyclone défait la rigidité dérisoire des cadres sociaux, remodèle les architectures, et détruit la ville. La nature joue un rôle prépondérant dans le burlesque de Keaton. Le vent est l’allié de son personnage qui, parce qu’il plie mais ne casse pas, se laisse porter. Dans une scène étourdissante, Keaton s’agrippe à un arbre, que le cyclone déracine et emporte dans sa tourmente. Le film mécanise la nature, mais c’est une machine folle et désarticulée qui ne tourne plus rond. Cette tension entre la nature et la machine cinématographique nourrit la dialectique qui anime le style de Keaton. Il lui faut la rigueur du mathématicien pour provoquer le hasard, l’œil du géomètre pour créer du désordre, l’adresse obsessionnelle du gymnaste pour jouer la maladresse, et le réel le plus concret pour faire délirer les gags. En ce sens, le souffle épique qui anime la fin de Steamboat Bill Jr. constitue une sorte d’apogée stylistique pour Buster Keaton, un feu d’artifice grandiose alors que le cinéma parlant devient la norme à Hollywood et que l’amorce du déclin se profile inexorablement pour ce géant du muet.

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Piano : Roch Havet
Contrebasse : Jeff Pautrat
Batterie : Aidje Tafial