Samedi 19 mai 2018

à 14 h


Le Brasier ardent
de Ivan Mosjoukine
avec Ivan Mosjoukine, Nathalie Lissenko , Nicolas Koline
1923 / France / 1h42 / DCP
Copie restaurée par la Cinémathèque française

La jeune épouse d’un riche industriel constamment en déplacement pour ses affaires fait un cauchemar récurrent qui la terrorise : un homme très impressionnant, qui prend plusieurs apparences, la poursuit sans relâche avant de la jeter dans un brasier ardent. Elle met cette apparition sur le compte de ses lectures nocturnes favorites. Les nombreux romans policiers qu’elle dévore pourraient avoir influé sur ses rêves...

Mosjoukine reprend, pour les subvertir, les clichés du cinéma de l’époque : la jeune femme (mal) mariée à un vieil homme riche et qui songe à le tromper, les poursuites en voiture des serials à la Feuillade et les scènes oniriques des films expressionnistes. Ce mélange pourrait produire un film de bric et de broc qui brinquebale tant bien que mal entre ces différentes influences. En fait le résultat est envoûtant, porté par le charisme de son interprète principal.

« Un jour, au cinéma du Colisée, je vis Le Brasier ardent mis en scène par Mosjoukine, et produit par le courageux Alexandre Kamenka, des films Albatros. La salle hurlait et sifflait, choquée de ce spectacle si différent de sa pâture habituelle. J’étais ravi. Enfin, j’avais devant les yeux un bon film en France. Bien sûr, il était fait par des Russes, mais à Montreuil, dans une ambiance française, sous notre climat ; le film sortait dans une bonne salle, sans succès, mais il sortait. Je décidai d’abandonner mon métier qui était la céramique, et d’essayer de faire du cinéma ».

Jean Renoir, «Mes années d’apprentissage», in Ecrits (1926-1971), Paris, Belfond, 1974.

 

Piano : Antonio Coppola