Samedi 8 juin 2019

à 14 h


Michel Strogoff
de Viatcheslav Tourjansky
avec Ivan Mosjoukine, Acho Chakatouny, Nathalie Kovanko
1926 / France / 2h46 / DCP
Copie restaurée par la Cinémathèque française

Chargé par le Tsar de transmettre aux populations fidèles de Sibérie, où la révolte gronde, un message d’une importance capitale, Michel Strogoff est capturé par le traître Ogareff. Torturé et rendu aveugle, il est abandonné par ses tortionnaires. Guidé par Nadia, une jeune fille rencontrée en route, il parvient néanmoins à atteindre la Sibérie. Après avoir recouvré la vue, il tuera Ogareff et réussira à rétablir la paix...

Quel sujet est, en effet, plus attrayant que celui de l’odyssée du courrier du Tsar, implacablement poursuivi ? Le livre et le théâtre ont rendu trop populaires les aventures de Michel Strogoff, son idylle avec Nadia et ses démêlés avec Ivan Ogareff pour que nous nous y arrêtions longuement. D’une telle action, Tourjansky a su tirer un film de toute beauté, restituant parfaitement l’atmosphère russe, faisant adroitement mouvoir des foules et apportant une émotion intense à l’évocation de ses principaux personnages. Il a été admirablement servi par son protagoniste Ivan Mosjoukine. On ne pouvait mieux incarner, en effet, le courrier du Tsar que ne l’a fait le grand artiste russe. Avec quelle maîtrise il anime l’incroyable chevauchée du héros, avec quelle émotion et quelle vie il nous fait compatir à ses souffrances ! Auprès de Mosjoukine, Nathalie Kovanko, toujours si belle, est la touchante Nadia. Chakatouny donne du traitre Ogareff une silhouette saisissante de relief, tandis que, féline, inquiétante, mais si jolie, Tina de Ysarduy apporte tout son talent à l’interprétation du personnage de Sangarre. Jeanne Brindeau est une poignante Marfa, mère torturée dans son amour pour son enfant.

Cinémagazine, n°44, 29 novembre 1926

Piano : Antonio Coppola