Dimanche 5 juin 2022

à 19h


L’Aurore

(Sunrise)
de Friedrich Wilhelm Murnau
avec George O’Brien, Janet Gaynor, Margaret Livingston
1927 / États-Unis / 1h30 / DCP / vostf


Une femme de la ville, qui passe ses vacances dans un petit village, séduit un fermier et le convainc de tuer son épouse. Mais au moment de noyer l’épouse dans le lac, le fermier ne s’y résout pas et sa femme s’enfuit attrapant un tramway qui passe...

François Truffaut craignait le jour où il serait jugé par des critiques n’ayant jamais vu un film de Murnau. Mais cela n’arrivera sans doute jamais car il y a toujours, ici ou là, une projection de L’Aurore et des spectateurs éblouis qui vont colporter la nouvelle : « J’ai vu le plus beau film du monde. » Ainsi le temps passe et l’on en revient toujours à la pureté de L’Aurore. Son intrigue est conventionnelle : un paysan naïf, séduit par une femme vénale venue de la ville, veut assassiner son épouse. Ce n’est qu’une trame à travers laquelle Murnau va porter à un point de perfection tout ce qu’il a déjà expérimenté dans les films qu’il a tournés jusqu’alors en Allemagne. Avec des moyens considérables, il maîtrise pour la première fois totalement son oeuvre, à l’image de la séquence finale et de l’étrangeté sensuelle du lac filmé la nuit, un lac où les corps flottent comme dans un poème de Rimbaud. L’Aurore est bien un grand film d’amour, mais filmé de la façon la plus impressionnante qui soit. Un amour comme un cauchemar que même l’aurore ne saurait dissiper.

Philippe Piazzo


 

Piano : Jacques Cambra