Vendredi 26 mai 2023

à 17 h


La Terre
(Zemlia)
de Alexandre Dovjenko
avec Stepan Chkurat, Semion Svachenko, Ioulia Solntseva
1930 / Union Soviétique / 1h13 / DCP / vostf
Copie : Gaumont Pathé Archives

Sous les pommiers, le grand-père se meurt, calmement, sereinement. Dans les campagnes de l’Ukraine, le monde change, c’est l’époque de la collectivisation et Vassili, jeune paysan et ardent communiste, ramène de la ville un tracteur avec lequel il renverse le bornage d’un champ désormais devenu propriété commune...

Film politique, oeuvre éducatrice, La Terre, s’il n’était que cela, se serait émoussé avec le temps, balayé par le triomphe de nouveaux mots d’ordre. Mais Dovjenko, parce qu’il est allé à l’essentiel, a fait de La Terre une oeuvre intemporelle, un poème magnifique et un hymne à la vie. Dans La Terre, la naissance succède à la mort dans le cycle éternel de la nature et des saisons. Le rire des tournesols et les caresses du pommier, la respiration du vent et les baisers du soleil proclament que la mort n’est rien. S’il y a bien une composante de la propagande qui paraît intacte aujourd’hui, c’est bien le lyrisme de cette mise en scène pour célébrer la nature, au-delà du conflit qui oppose les riches koulaks aux pauvres kolkhoziens. Bien sûr, Dovjenko filme la métamorphose de la société ukrainienne des années 20 en se positionnant du côté attendu : il y a l’enthousiasme des villageois acquis aux idées bolchéviques d’un côté, et la perfidie de ceux qui entendent assassiner la révolution collectiviste en tuant froidement et lâchement Vassili de l’autre.


Piano : Jacques Cambra