Dimanche 20 mai 2018

à 17 h


La Belle Nivernaise
de Jean Epstein
avec Blanche Montel, Maurice Touzé, Pierre Hot
1923 / France / 1h07 / DCP
Copie : Gaumont Pathé Archives

Un brave marinier, le père Louveau, recueille un enfant abandonné et l’amène à bord de sa péniche, où l’enfant, assez mal accueilli par la mère Louveau, devient vite le camarade de la petite Clara, fille des mariniers. Quelques années ont passé. Victor est devenu le bras droit de Louveau, qui l’aime comme s’il était son propre fils. Au milieu de ces gens heureux, seul le second du marinier, « l’équipage », se montre hypocrite et jaloux...

[...] Jean Epstein présentait peu après La Belle Nivernaise, tirée du roman d’Alphonse Daudet et qui demeure aujourd’hui encore l’une de ses œuvres les meilleures. Son style accusait là un réalisme que nous connaissions un peu depuis L’Auberge rouge et Cœur fidèle, et cette parfaite utilisation de la valeur photogénique des objets. L’art d’Epstein procède par détails successifs, par une observation aiguë du sens intérieur de chaque chose et de chaque geste. Il nous contait la vie des mariniers de La Belle Nivernaise par le jeu de leur visage et par celui de la péniche entre les berges, mais on sentait au-dessus de cela une fatalité résignée, une prodigieuse puissance de rêve qu’Epstein sut exprimer par un rythme très lent et d’admirables surimpressions de paysages. Sa personnalité était désormais dégagée, et malgré les nécessités commerciales qui le contraignirent à revenir à la forme commune, Jean Epstein gardait le désir d’un art qui soit autre chose qu’une pâle photographie du monde.

Pierre Le Prohon, Cinémonde, 28 février 1929

 

Guitare : Quentin Buffier
Violoncelle : Alexis Thépot